Fouille-moi pourquoi je suis incapable de prononcer le titre de cette série à haute voix! Mais l’avantage c’est qu’en vous en parlant à l’écrit, vous n’avez pas à subir mes cafouillages!
La première saison de cette série a été diffusée sur Hulu au printemps 2017 et a reçu de nombreux éloges, sans compter des nominations à différents prix (les Emmys notamment à venir en septembre). Basé sur le roman culte de la canadienne Margaret Atwood, La servante écarlate ou The Handmaid’s Tale, cette série raconte ce que sont devenus les États-Unis dans un futur pas si éloigné quand une religion s’est imposée en exploitant terrorisme, désastre écologique et infertilité mondiale pour renverser le pouvoir et établir un nouvel ordre des choses plus près de la dictature que de la démocratie…
Imaginez une société où les femmes n’ont plus le droit de travailler ni même d’avoir un compte bancaire mais sont réparties en 3 castes: les Épouses (des hauts placés), les Martha (les cuisinières, bonnes à tout faire) et les « Handmaid » (Servantes), les rares femmes dont l’utérus est encore fonctionnel et dont le seul rôle est de porter les enfants des hauts placés. Ces femmes-là habitent chez leur « maître », prennent leur nom et doivent une fois par mois, au moment où elles sont fécondes, subir la Cérémonie, en croisant les doigts pour qu’un bébé en découle…
Sans rentrer dans plus de détails, ce qui est formidable dans cette série, c’est à la fois la certitude que cette société pourrait exister tant des pans de ce qui est décrit existent déjà ou ont existé à travers l’histoire et à la fois les flashbacks qui nous permettent d’effleurer les événements qui ont amené à cette société. C’est assez difficile de concevoir comment on a pu en arriver là et pourtant bien des choses paraissent crédibles voire probables. La force de la série repose sur ses acteurs bien sûr (exceptionnelle Elizabeth Moss, Joseph Fiennes, Max Minghella, Alexis Bledel, Yvonne Strahovski, etc.) mais aussi sur la maîtrise de ses deux fils narratifs. On est tenu en haleine de bout en bout, espérant que June, Elizabeth Moss donc, trouve une échappatoire à sa condition présente misérable mais en même temps assistant à son « réveil »: comment rester saine d’esprit en étant confinée dans une vie régie dans le moindre détail, ou prendre la parole est limite un acte de rébellion, ou posséder un livre n’est plus permis, ou être amoureux n’est pas loin du péché…
Alors c’est ça, la folie imposée par un groupe d’hommes qui a réussi à mettre sous son joug les États-Unis, devenus La République de Gilead, un retour de plusieurs siècles en arrière et une impression glaciale que la science-fiction pourrait devenir réalité un jour si on n’y prend garde, comme June a été prise de court dans un passé pas si lointain.